Le 14 janvier 1918, l’ensemble des détachements qui œuvrent au sein des Grands Parcs d’Artillerie et des Parcs de réparation d’artillerie est rattaché au 13ème Régiment d'Artillerie de Campagne. Le 23 janvier, des hommes de cette unité arrivent à Bonneuil.
Les bureaux du détachement sont situés rue de l’église. Le reste des troupes doit être cantonné à proximité, et notamment dans la Ferme du Château.
Ils sont affectés à l’Entrepôt de Réserve Générale de Bonneuil qui est une annexe du Parc d’Artillerie de Place de Vincennes et qui dépend du Ministère de l'armement et des fabrications de guerre en période de conflit. Un Entrepôt de Réserve Générale, est un lieu où sont stockées les munitions. L’Entrepôt de Réserve Générale de Bonneuil est situé à proximité du faisceau de chemin de fer construit en 1916, car les munitions sont acheminées par le train, à l’aide de convois de trente à trente-cinq wagons ; chaque wagon contenant dix tonnes de munitions. Les matériels et les munitions de tous calibres, - 75, 120, 155, etc. - y transitent.
Nous ne possédons pas actuellement de précisions complémentaires sur son organisation et sur les unités affectées à sa gestion. Une seule unité est identifiée à ce jour. Il s’agit du 13ème Régiment d’Artillerie de Campagne présent en 1918.
Ce dépôt qui dépend du Parc d’Artillerie de la place de Vincennes assure l’approvisionnement du front à l’aide de convois de trente à trente-cinq wagons contenants chacun dix tonnes de munitions.
A la fin de la guerre, le Maire de Bonneuil, Edmond Gilles, relève qu’un million-deux-cent-mille projectiles spéciaux, chargés de gaz divers, sont stockés à Bonneuil. En janvier 1919 le dépôt est placé sous la responsabilité du Ministère de la Guerre. Si le conflit est terminé, et si le port a été rendu à vie civile, le dépôt de munitions est encore présent en 1922.
Dans son édition du 20 janvier 1922, L’Union Régionale rapporte les propos du Ministre de la Guerre qui fait savoir aux députés de la banlieue que le dépôt de minutions d’Aubervilliers est en cours d’évacuation, et que ceux de Vincennes et de Bonneuil le seront bientôt.
Le ministre précise qu’en cas d’incendie « ces munitions spéciales ne sont susceptibles de produire des nappes gazeuses que dans un rayon de trois cents mètres…».
Ces munitions spéciales ne se limitent pas au fameux Gaz Moutarde.
Les obus peuvent être chargés de Vincennite (trichlorure d’arsenic, tétrachlorure d'étain, trichlorométhane et acide cyanhydrique) ; de Collongite (oxychlorure de carbone, tétrachlorure d'étain et chlorure d'arsenic) ; de Palite (chloroformiate de méthyle chloré et tétrachlorure de titane ou tétrachlorure d'étain) ; d’Aquinite (chloropicrine et tétrachlorure d'étain) ; de Patite (acroléine et tétrachlorure d'étain ou de titane) ; de Martonite (bromacétone, chloracétone et tétrachlorure d'étain) ; de Cédénite (Mélange de chlorure ou de bromure de nitrobenzyle, de chlorure de benzyl et de Chlorure d'étain) ; de Fraissite (iodure de benzyle, chlorure de benzyle, white spirit et tétrachlorure d'étain) ; de Sulvinite (chlorosulfate d'éthyle et chlorure d'étain) ; de Cyclite (bromure de benzyle et tétrachlorure de titane) ; de Vaillantite (thiophosgène ou chlorosulfate de méthyle et tétrachlorure d'étain).
Les gaz sont de deux types : les fugaces qui se répandent et se diluent rapidement dans l’atmosphère, et les persistants qui projetent des goutelettes et mettent des jours à s’évaporer dans l’atmosphère.
Les fugaces, principalement suffocants ou toxiques, sont utilisés lors des attaques. Les persitants, principalement des lacrymogènes ou des vésicants, sont utilisés afin d’empécher les troupes ennemies d’occuper une position. Ils nécessitent de décontaminer la zone si on souhaite l’occuper à nouveau.
Pour mémoire, la première utilisation des gaz intervient le 22 avril 1915. Les allemands attaquent les positions tenues par les français et les britanniques à Ypres. Le bilan pour les troupes françaises est de cinq-mille morts et quinze-mille intoxiqués.
Après la signature de l'armistice du 11 novembre, des soldats vont encore être cantonnés à Bonneuil-sur-Marne.
Le 23 novembre 1918, à 23 heures, le 2ème Escadron du 9ème Régiment de Dragons constitué de cent-vingt hommes et cent-cinquante chevaux s'installe à Bonneuil.
L’Etat-Major est situé à Boissy-Saint-Léger, et les autres escadrons dans les communes avoisinantes : Sucy-en-Brie (1er escadron), Valenton (3ème escadron), Villeneuve-Saint-Georges (4ème escadron).
Le 28 novembre, le Régiment prend part au service d’honneur mis en place à l’occasion de la visite à Paris du Roi de Grande-Bretagne et d’Irlande, et forme la haie au rond-point des Champs-Elysées.
Le 5 décembre, le Régiment prend part au service d’honneur mis en place à l’occasion de la visite à Paris du Roi et de la Reine de Belgique, et forme la haie avenue de Marigny et avenue Nicolas II.
Le 14 décembre, le Régiment prend part au service d’honneur mis en place à l’occasion de la visite à Paris du Président des Etats-Unis d’Amérique, et forme la haie place de la Concorde et le long des voies avoisinantes.
Cette unité quitte Bonneuil le 26 mai 1919, pour rejoindre Londres où elle participe aux manifestations de la Victoire.
Le 24 décembre 1918 vers 13 heures, la 5ème section de munition du 108ème Régiment d’Artillerie Lourde fait une halte à Bonneuil.
Composée de 68 hommes encadrés par 2 officiers, elle passe Noël dans notre commune et repart le 26 décembre 1918, vers 12 heures pour Troyes où elle est dissoute le 15 mai 1919.
Enfin, en mai 1919, une nouvelle unité arrive à Bonneuil. Il s'agit de la 22ème Batterie du 105ème Régiment d’Artillerie Lourde.
Le Bureau de la Batterie et le magasin à matériel sont installés au 4 rue de l’église.
Elle est présente à Bonneuil, du 26 mai au 1919 au 23 août 1919.
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