Si le 11 novembre, est avant tout la célébration de l’Armistice qui met fin aux combats de la Première Guerre mondiale, en 2020 il revêt un caractère particulier car il célèbre également le centenaire de deux événements marquants de l’après-guerre, la création de la tombe du Soldat inconnu et le transfert du cœur de Gambetta au Panthéon.
Le Soldat inconnu
Le 11 novembre 1920, la France rend hommage à la mémoire des hommes morts ou disparus sur le front en inaugurant la tombe du soldat inconnu.
La proposition émane à l’origine du député André Paisant qui dépose une proposition de résolution co-signée par quatre-vingt-six autre députés, le 12 septembre 1919. Cette résolution demande " le transfert solennel au Panthéon d'un soldat anonyme français tombé pour sa patrie ".
André Paisant
La décision ne sera définitivement prise que le 8 novembre 1920, par le vote d’une Loi relative à la translation à Paris des restes d’un soldat inconnu mort pour la France.
Pour le Gouvernement, il s’agit de donner aux morts de la Grande Guerre un témoignage solennel de la reconnaissance, de l'admiration et de l'amour de tous les Français. Il propose de retenir la date du 11 novembre, qui est également celle de la célébration du cinquantenaire de la République et de transférer ce jour-là à Paris les restes d'un soldat français non identifié et de les déposer à l'Arc de Triomphe.
Si le premier article de la Loi, ne génère aucun débat :
Le 11 novembre 1920, les honneurs du Panthéon seront rendus aux restes d'un des soldats non identifiés au champ d'honneur au cours de la guerre 1914-1918.
Il n’en pas de même de l’article deux :
Le même jour, les restes de ce soldat seront solennellement transportés à l'Arc-de-Triomphe pour y être inhumés.
De nombreux députés préférant le symbole du Panthéon à celui de l’Arc-de-Triomphe. Mais l’article sera finalement voté à l’unanimité.
La version définitive de ces articles est la suivante :
Article 1er.- Les honneurs du Panthéon seront rendus aux restes d'un des soldats non identifiés au champ d'honneur au cours de la guerre 1914-1918. La translation des restes de ce soldat sera faite solennellement le 11 novembre 1920.
Article 2.- Le même jour, les restes du soldat inconnu seront inhumés sous l'Arc de Triomphe.
Le 10 novembre, huit cercueils contenant chacun le corps d’un militaire français non identifié exhumé sur les principaux champs de bataille -Lorraine, Verdun, Champagne, Chemin des Dames, Ile-de-France, Somme, Artois, Flandre - de la Première Guerre mondiale sont regroupés à Verdun dans une casemate de la citadelle.
Un jeune soldat, Auguste Thin, engagé volontaire de la classe 1919, est choisi par André Maginot afin de sélectionner le cercueil qui sera acheminé à Paris.
Il choisit le sixième cercueil qui se présente à lui, car il appartient au 6ème Corps et au 132ème Régiment d'Infanterie.
Le cercueil retenu est acheminé à Paris. Le convoi arrive à la Gare de Denfert-Rochereau peu après minuit et est placé dans une chapelle ardente Place Denfert-Rochereau. Les sept autres seront inhumés le 11 novembre à Verdun.
Le cœur de Gambetta
En ce 11 novembre 1920, la France célèbre un autre anniversaire, la cinquantenaire de la proclamation de la République, le 4 septembre 1870.
Pour le gouvernement, Gambetta est un des symboles de la République retrouvée et c’est tout naturellement que son nom est associé à son cinquantenaire.
Il a participé à la restauration de la République, le 4 septembre 1870, et au gouvernement de défense nationale qui en découle. Il n’a cessé de parcourir la France pour défendre les idées républicaines et les diffuser au sein des campagnes. C’est ainsi qu’il est souvent présenté comme " le commis voyageur de la République ".
A la suite de son décès le 31 décembre 1882, une autopsie est pratiquée et son cœur est conservé par sa famille.
Paul Deschanel, bref président de la République, de février à septembre 1920, est à l’initiative du transfert du cœur de Gambetta au Panthéon.
Le mercredi 10 novembre, peu après 23 heures, le cœur de Léon Gambetta quitte la Villa des Jardies à Sèvres. A minuit, la cassette qui le contient est déposée sur le piédestal aménagé à cet effet dans une seconde chapelle ardente, place Denfert-Rochereau.
La journée du 11 novembre 1920
Afin de concilier les souhaits de l’ensemble des composantes politiques, le programme élaboré par le gouvernement a évolué à plusieurs reprises afin d’arriver au consensus.
9h15 – Le cortège quitte la Place Denfert-Rochereau en direction du Panthéon.
9h30 - Arrivée au Panthéon où le Président de la République, les Ministres et les corps constitués attendent le cortège.
Quatre mille personnes sont invitées à assister à la cérémonie à laquelle contribuent cent-vingt musiciens et deux-cents choristes.
Le corps du Soldat inconnu et le cœur de Gambetta sont conduits à l’intérieur du Panthéon, où le Président Alexandre Millerand prononce un discours essentiellement consacré au cinquantenaire de La République.
10h30 – Le cortège se reforme et quitte la place du Panthéon pour l’Arc de Triomphe.
12h00 – Arrivée place de l’Etoile – Les chars supportant le Cercueil du Soldat inconnu et le cœur de Gambetta sont exposés sous l’Arc de Triomphe.
Les troupes se positionne tout autour du monument, puis une musique militaire clôt la cérémonie en jouant La Marseillaise.
Les officiels quittent la place, et le public présent peut rendre hommage à Gambetta et au Soldat inconnu.
17h00 – La cérémonie s’achève.
Le cœur de Gambetta regagne le Panthéon où il se trouve toujours.
Le Soldat inconnu est transporté dans la salle située au-dessus de la voûte de l’Arc de Triomphe qui est transformée en chapelle ardente.
Il y restera jusqu’au 28 janvier 1921, date à laquelle il est inhumé dans sa sépulture actuelle.
La flamme sera installée ultérieurement et allumée pour la première fois le 11 novembre 1923.
Unknown Warrior
En ce 11 novembre 1920, la France n’est pas la seule nation à rendre hommage à ses soldats.
Le Royaume Uni, procède à l’inhumation du soldat inconnu britannique au sein de l’Abbaye de Westminster.
D’autres pays suivront, comme la Belgique le 11 novembre 1922.
Aujourd’hui, de très nombreux pays possèdent leur tombe du soldat inconnu. Parfois depuis peu. Les canadiens, par exemple, ont créé leur monument commémoratif en l’an 2000, après avoir rapatrié la dépouille d'un soldat canadien inconnu tombé lors des combats de Vimy, où les canadiens se sont illustrés.
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